Prix du carburant : situation et évolution

Le prix du carburant est une question qui inquiète beaucoup les automobilistes. En effet, l’augmentation de l’essence ou du gazole à la pompe influe sur le portefeuille des automobilistes et donc sur leur capacité à se déplacer au quotidien.

Parallèlement à l’instauration de zones à faibles émissions et autres dispositifs relatifs aux pics de pollution, une hausse marquée du prix du carburant telle que celle observée en 2022 pousse certains conducteurs à réduire leurs trajets quotidiens et peut ainsi contribuer à un isolement accru, notamment chez les personnes âgées.

Alors, comment est calculé le prix du carburant et pourquoi varie-t-il ? Quels sont les facteurs qui affectent son prix ? Et quelles sont les alternatives à l’essence et au gazole qui peuvent vous aider éviter l’impact de toute augmentation du coût du carburant ?

En janvier 2010, le prix du litre d’essence SP 95 s’élevait à 1,26 €. Fin 2022, son coût avoisine 1,70 €, soit une augmentation de 44 centimes (+35 %). Cependant, cette hausse n’a pas été des plus linéaires. En effet, la pandémie et la flambée des cours du pétrole observée en 2022 ont créé d’énormes fluctuations des prix à la pompe.

Par exemple, le coût de l’essence a augmenté de 27 centimes entre 2010 et 2018. Faute de données (et de consommation), l’INSEE n’a pas suivi le prix du carburant pendant la pandémie, mais son cours a monté en flèche ces deux dernières années pour atteindre des taux records : le prix à la pompe du litre d’essence atteignant ainsi jusqu’à 2,08 € en moyenne en juin 2022.

Même constat parmi les automobilistes de voitures diesel : le prix du gazole a fortement augmenté depuis 2010 et en particulier ces deux dernières années. Entre 2010 et 2018, le prix moyen du gazole est passé de 1,06 € à 1,51 € pour finir l’année 2022 aux alentours de 1,90 € après un pic à 2,09 € en juin 2022.

On constate donc une hausse plus marquée du prix du gazole (près de 80 %, soit presque le double du prix du litre d’essence). Il faut cependant noter que jusqu’à 2020, la Belgique faisait figure d’exception en termes de coût du gazole : dans tous les autres pays d’Europe, le prix au litre de ce carburant jugé plus polluant était plus cher que celui de l’essence.

Cette augmentation du carburant peut donc en partie être allouée à une simple rectification de la situation. Et bien qu’il ne faille pas oublier la hausse des cours du pétrole, une partie de la hausse du prix du gazole est également imputable à la TICPE, comme nous allons le voir ci-après.

Baisse ou augmentation : pourquoi le prix varie-t-il ?

Essence ou gazole, le prix du carburant n’est pas fixe. Autrement dit, il varie en fonction du prix des matières premières qui le composent, principalement du pétrole. À mesure que celui-ci se raréfie et en raison de problèmes d’approvisionnement liés à un contexte international particulièrement houleux, le cours du pétrole a fortement augmenté ces deux dernières années, enregistrant un pic à 122 $/baril en juin 2022 après un taux plancher de 20 $/baril en 2020.

Cependant, il serait erroné d’attribuer l’augmentation du prix de l’essence et du gazole uniquement au cours du pétrole. En effet, les prix du pétrole enregistrés début 2008 ou entre 2011 et 2014 étaient similaires, voire supérieurs, au pic de juin 2022, alors que les prix à la pompe étaient alors bien inférieurs.

Rappelons que l’augmentation du coût du carburant n’est pas linéaire, et parfois suivie d’une baisse du prix du carburant, comme celle observée à la fin de l’année 2022.

Facteurs influant sur le prix du carburant

Pour comprendre pleinement la hausse ou la baisse du prix du carburant, il faut donc chercher ailleurs et examiner les autres composantes du prix du carburant, à savoir les taxes et la marge du distributeur. Cette dernière s’élève à environ 1 centime d’euros par litre de carburant.

Si le prix de l’essence ne dépend pas entièrement du cours du pétrole, la fluctuation du coût du carburant peut donc être imputée aux taxes, à savoir la TVA et la TICPE

TVA

La taxe sur la valeur ajoutée, mieux connue sous le nom de TVA, est indexée sur le prix du pétrole. Le taux de TVA s’élève à 20 % du prix hors taxe du carburant. Autrement dit, plus le pétrole est cher, plus le prix hors taxe du carburant est élevé, et plus la TVA augmente.

TICPE

Étant donné que les taxes représentent environ 53 % du prix du litre d’essence à la pompe, on ne peut pas accuser la TVA de la majorité de l’augmentation du carburant non attribuée au cours du pétrole.

La principale taxe sur les carburants est appelée taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, ou TICPE. Instaurée en 2011, celle-ci remplace aujourd’hui la taxe intérieure sur les prix pétroliers et permet ainsi de taxer d’autres carburants non pétroliers.

Une « composante carbone » a été intégrée à la TICPE en 2014 et est incluse dans le prix de l’essence ou du gazole. Son prix est fixé chaque année par le gouvernement. La composante carbone est un taux fixe par tonne de gaz carbonique émis.

Malgré une augmentation prévue en 2022, la TICPE est gelée depuis 2018, notamment en raison du mouvement des gilets jaunes en 2019. Cette même année, la TICPE a permis au gouvernement d’encaisser 33,2 milliards d’euros environ et se classe donc au rang de la 4e recette fiscale de l’État derrière la TVA, les impôts sur le revenu et sur les sociétés.

Alors, compte tenu de la tendance haussière du prix du carburant et de son imprévisibilité, est-il possible de se tourner vers d’autres alternatives pour votre voiture ?

Les trois principales options à l’heure actuelle sont :

• le GPL : Le GPL, ou gaz de pétrole liquéfié, était autrefois considéré comme un déchet pétrolier et est aujourd’hui utilisé en tant que carburant, mais reste cependant rare. Il est possible de convertir votre voiture essence ou gazole au GPL pour profiter de ses tarifs attrayants, mais le coût d’installation du système et la disponibilité limitée du GPL dans les stations-services en rebuteront plus d’un. En outre, bien que moins cher, le prix de ce carburant est également soumis aux fluctuations du cours du pétrole.


• l’électricité : À l’heure où le ministère de la Transition Écologique invite chacun à réduire ses émissions de carbone, les véhicules électriques ou hybrides semblent être une solution idéale pour vous mettre au vert et faire des économies à la pompe. De nombreuses aides à l’achat de véhicules électriques sont disponibles à l’heure actuelle. Bien sûr, votre facture d’électricité en pâtira. Mieux vaut donc faire vos calculs avant de vous lancer.


• l’hydrogène : Encore méconnu, l’hydrogène est parfois considéré comme « le carburant de demain » et ne produit aucune émission de carbone. Son palmarès écologique dépend cependant de sa source. L’hydrogène gris découle de la production de pétrole et de gaz, tandis que l’hydrogène vert provenant de l’énergie renouvelable est propre de bout en bout. Gros inconvénient : comme ce système ne s’est pas encore démocratisé, les stations à hydrogène sont encore très rares en Belgique.